JETFM 91.2FM

Le direct
  1. Accueil du site
  2. Émissions
  3. Archives
  4. Le son du vide
  5. Détruire le temps - LSDV (...)
Votre don de soutien à JET
lundi 3 décembre 2018

Détruire le temps - LSDV n°9

Exprimer l’universalité par la radicalité d’une oeuvre.

par Hugo Lioret

De gauche à droite : William Basinski en concert, la partition "4’33" de John Cage, Douglas Quin enregistrant l’Antarctique.

Le coeur de la musique ambient bat d’un rythme flottant. Effectivement, la plupart des morceaux issus de ce genre évoluent sans battement franc. Le morceau Dlp 6 de William Basinski en est un exemple radical.

Ici, la répétition fait rentrer l’auditeur dans une forme de transe. Nous sommes à la limite de la pulsation. Extrêment lent, le tempo est presque inexistant. C’est précisément par ce flou rythmique que le thème en devient hypnotique. Ce morceau casse alors notre perception du temps ; nous évoque l’immémoriel, l’intemporel.

Cette œuvre est radicale non seulement par son équilibre musical fragile et extrême, mais aussi par son fondement métaphysique. Ce morceau est une boucle de 40min37 qui se désagrège au cours de l’écoute, laissant apparaître d’infimes variations. Le temps est la racine de ce morceau.

Mais revenons au terme « radical ». Qu’est-ce que la radicalité ? Ce qui est radical est ce qui revient à la racine. Cela renvoie directement à son essence. En soi, les pratiques artistiques radicales sont celles qui renouent avec leurs fondamentaux.

On peut penser à la peinture abstraite. Ce type de peinture est radicale puisqu’elle se concentre sur les spécificités du médium « peinture » : l’aplat, la surface, l’espace, la matière, la texture, la couleur,ect. Même chose ici pour ce morceau. On qualifie de radicale une musique parcqu’elle se concentre sur ses paramètres et ses éléments fondamentaux : le silence, le bruit, le temps, le timbre, le contexte de propagation du son, etc.

La radicalité peut s’exprimer par un désir de réduction (64º 49’ S 64º 02’ W de Douglas Quin par exemple), d’épuration totale (le fameux 4’33 de John Cage), ou encore de désœuvrement (Ascension de John Coltrane). Ces oeuvres appellent à un retour à l’origine de l’art ou de la société, à leur épuration afin d’en trouver l’essence. Ces artistes essayent de fonder un nouveau langage, manifestant tous une passion du commencement, une nécessité de faire le vide. Ce sont des oeuvres qui cherchent à proposer d’autres vérités et a semer les graines de l’avenir : la racine.

Pistes :

William Basinski - Dlp 6

Douglas Quin - 64º 49’ S 64º 02’ W

John Cage - 4’33

Page Facebook de l’émission

Une





Documents joints