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mercredi 10 octobre 2018

La musicalité des sonorités quotidiennes

La perception musicale quotidienne : une écoute active

par Hugo Lioret

A priori, un environnement quelconque ne semble pas être musicalement intéressant. Pourtant, une musicalité subtile réside bel et bien dans chacun des lieux que nous traversons. Ecouter les sons d’un espace n’est pas moins intéressant qu’écouter un morceau de musique. Seulement, la musique y est différente.

L’environnement propose une expérience sonore unique, une musicalité subtile qui se révèle lorsque l’individu choisit de devenir auditeur. L’écoute active seulement, peut déverrouiller la richesses des sons quotidiens. Pour entrer dans un vrai stade d’écoute, il faut s’extérioriser de son milieu pour mieux y rentrer. Cela ne peut marcher que si l’on croit pouvoir trouver une musicalité dans l’instant présent.

Dès lors, un paysage sonore naît. Cette posture permet de révéler autrement le milieu dans lequel nous évoluons. Paysage urbain, paysage rural, paysage mixte, paysage naturel, il y a autant de paysages que de musicalité différentes. Des évènements sonores peuvent apparaitre : des concordances de son (ex : sonnettes, klaxons), des rythmes (ex : bruits de pas, frottements, claquement portes), des phrases musicales (ex : écoulement d’ eau, moteurs, circulation), des harmonies (ex : vent , voix d’une foule). Apparait une musique jusqu’alors ignorée car perçue comme banale, simple bruit.

« Si un bruit te dérange, écoute-le ! » disait John Cage. Au delà d’atteindre une musicalité particulière, une écoute active permet aussi de pouvoir surpasser un bruit. Effectivement, lorsque l’on subit les bruits d’un environnement, cela n’a rien d’agréable. Or, si nous adoptons cette approche, nous pouvons renverser cette tendance et apprécier le bruit comme un objet sonore abstrait. Le bruit, qui était indésirable, devient un son que l’on écoute et que l’on commence justement à apprécier pour les même qualités qui le rendait si désagréable auparavant.

La musique ne se restreint pas aux timbres des instruments. Chaque son peut être instrument et devenir musique. Comme l’énonce Pierre Schaeffer avec l’écoute réduite, « l’objet sonore » est perçu pour lui-même, dans ses qualités intrinsèques, brutes, sans références culturelles, avec une morphologie précise, non réductible à la simple addition des paramètres traditionnels (hauteurs, rythmes, etc.). Le son peut donc être un objet abstrait qui existe indépendamment de sa source.

Pour aller plus loin, on peut parler du field recording :

“Le field recording, ou enregistrement de terrain, est une pratique apparue logiquement à la fin du xixe siècle avec l’invention de systèmes d’enregistrement, de plus en plus portables. Peu à peu, le studio perd de sa fatalité et l’homme peut partir par les chemins pour capter quantité de musiques et de sons. Les premiers à se lancer sont les ethnomusicologues et les audio-naturalistes. Les uns sont en quête des musiques de divers peuples de la terre, vivant souvent loin des grandes villes et de leurs facilités logistiques. Les autres souhaitent quant à eux conserver la trace des sons de la nature.” (Alexandre Galand, FIELD RECORDING, L’usage sonore du monde en 100 albums.)

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Field Recording

En haut, Blank Tone (Hugo Lioret) enregistrant le crépitement d’un feu.

À gauche, le disque de Francisco Lopez López, enregistré exclusivement en Pentagonie à partir des sonorités du vent.