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jeudi 16 décembre 2021

Histoires d’Ondes, jeudi 16 décembre à 17h

Le Ciel est Vaste, un portrait radiophonique

par Anne-Line


Aujourd’hui dans Histoires d’Ondes :
Le Ciel est vaste, un documentaire de Yves Robic
Avec Liv Lepke
Une production Farrago Productions et Le Grain des Choses, soutenue par le FACR et le Fonds Gulliver.

"Le Ciel est vaste
Un portrait radiophonique

« Et toi, comment vis-tu ? Comment fais-tu ? (..) A quoi choisis-tu d’être attentif, c’est à dire de tenir, de te rendre vigilant et de rendre les autres vigilants ? » _ Marielle Macé in « Styles, critique de nos formes de vie »

Le Ciel est vaste est le portrait de Liv, infirmière au service de soins continus et palliatifs de l’UCL à Bruxelles. Je la suis sur son lieu de travail, et partage, pour un temps, le quotidien de ce service qui vit la mort au quotidien, en perçois les moments chaleureux, parfois plus rugueux, les complicités, les rires.
Ici, l’humain et la technique, les individus et l’institution se côtoient, se télescopent parfois, se confortent et s’entraident, le plus souvent.
Au fil des jours, durant les nuits de gardes de Liv, au fil des couloirs et des chambres, il y a aussi des mots à peine audibles, les soupirs, les gémissements, les souffles ultimes, les non-dits, les silences. Le silence.
Quand les mots se font rares, restent les gestes… et leurs sons.
Sa main qui apaise, le son de l’eau qu’elle verse, le bip d’un appareillage médical, un oratorio de Bach qu’elle a choisi, le sifflement d’un respirateur… Ses gestes simples accomplis avec la volonté, humble mais tenace, d’accompagner ces existences en les reconnaissant comme telles, et non comme des corps qui se détériorent, des vies qui se terminent.
Archaïque simplicité du soin et technologie médicale de pointe, au service d’une « belle mort » ; celle qui abolirait toute souffrance ?
Elle aime faire « toutes ces petites choses à faire, quand il ne reste plus rien, même pas l’enjeu du merci » me confie-telle, avec ses questionnements… Liv a choisi d’être là, attentive au plus précis, au plus concret, de ces besoins parfois inaudibles, de ces désirs souvent inexprimés, et d’y répondre, dans un dialogue implicite. Être là.
Ces gestes, ces sons, sont la vie, à cet instant particulier, dans cette forme particulière, qu’est La fin vie.
Ils sont ces points bleutés de lumière qui rendent compte, ensemble, du vaste ciel, de son scintillement blanc. Et chacun diffuse le rayonnement infime des liens qui ne cessent de se tisser.
Il me fallait donner à entendre ce qui ne passe pas par les mots, ce qui ne se dit pas, et ainsi aborder le réel, même lorsqu’il semble âpre, de manière bienveillante mais frontale. Ne pas parler du soin, ni ajouter encore des mots, toujours un peu dérisoires, ou convenus, mais simplement faire entendre le soin, ces sons que l’on entend si peu, et faire écho à ce chant que le réel diffuse.

Ne pas chercher non plus le "beau" son mais la bonne distance, la bonne allure, le bon agencement.
Comme Liv, être là, attentif, tout en étant, s’il m’eut été possible, invisible, et presque inaudible. Juste quelques rares instants, quelques brèches dans le dispositif – "Qui donc est là, qui écoute ?"– pour que l’auditeur puisse accomplir, dans ce silence, dans l’espace laissé vide, ce retour en lui-même.
Et peut-être se questionner, "Et toi, comment t’accommodes-tu avec la mort, la tienne qui vient et celle de ton frère humain ?"
C’est cette réalité-là, cette concrétude du soin, qu’il m’était important de donner à entendre avec les outils qui sont les miens.
Elle est le fondement d’un humanisme dont il me semble que nous avons terriblement besoin." Yves Robic

Musique post-générique
Bluette, The Dave Brubeck Quartet





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