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jeudi 28 mars 2019

La Quotidienne du 27 mars

Entretien avec Coline Billon, fondatrice de la tricylcerie, une association qui collecte les biodéchets auprès des professionnels.

par Alexandra

Suite à la Lettre ouverte lancée par l’association (ci-dessous), Jet convie La Tricylerie à venir parler de ses actions et de ses besoins.

Lettre ouverte – 19.03.2019 – La Tricyclerie

Transition écologique à l’échelle des territoires : La Tricyclerie appelle les institutions à cohérence entre discours et engagements concrets.

Projet local innovant et crée il y a 3 ans, La Tricyclerie semble avoir un potentiel inspirant en matière d’engagement écologique : l’association a été gagnante du prix ESS National « Transition Ecologique 2018 », finaliste aux Nations Unies du « Young Championship of the Earth », soutenu par la marque Patagonia, par plusieurs fondations nationales, le réseau international 1 % Pour la Planète et plus de 200 autres villes l’ont sollicité pour dupliquer le modèle. Bien sûr, l’activité est souvent citée dans les discours de Madame Johanna Rolland, Maire de Nantes Métropole. Depuis octobre dernier, La Tricyclerie a eu la surprise de figurer explicitement dans la feuille de route de l’économie circulaire 2018 de Nantes Métropole. Et à ce jour ? Aucun engagement technique ou financier par La Métropole ne voient le jour.

Jeudi 14 mars dernier, c’était Nantes Métropole qui récompensait l’association en tant que « Lauréats du dispositif d’Eco Innovation Factory »… Aussi, à l’occasion du vote à l’unanimité de la feuille de route de l’économie circulaire 2018 (et des quelques urgences climatiques) La Tricyclerie appelle les pouvoirs publics nantais à concrétiser les ambitions affichées par la Métropole dans le chapitre « la boucle organique – du champs à l’assiette » où notre nom y est cité comme « projets expérimentaux pour faire émerger des nouvelles pratiques ».

Des moyens pour pérenniser un projet à impact

Depuis 3 ans La Tricyclerie collecte et composte les déchets organiques des professionnels de Nantes. En moins d’un an, la demande des professionnels n’a cessé de croître, de 500 kilos par mois de biodéchets collectés, ce sont maintenant plus de 40 lieux et 4 tonnes par mois compostés ! La démarche fait boule de neige : La Tricyclerie travaille sur 6 quartiers, crée 5 emplois en 3 ans, avec un budget annuel de 150 000€ et active un réseau d’une centaine de bénévoles par an. C’est surtout toute une nouvelle filière de gestion du compostage locale avec d’autres acteurs économiques de la Métropole (comme le Grand T ou Compost In Situ) que l’association développe. Utopique ? Semble-t-il que non : Chaque semaine ce sont de nouveaux professionnels (restaurants, fleuristes, épiceries, écoles, entreprises…) qui demandent à s’engager. Faute de moyens humains, financiers et d’attribution d’espaces de compostage conséquents, La Tricyclerie ne peut hélas pas répondre à toute cette demande florissante ! L’association travaille avec aménageurs publics, espaces verts, propriétaires de terrains, de friches, etc. à trouver des lieux adéquates pour accueillir cet or noir qu’est le compost. Aujourd’hui, statut quo encore pour 2 nouveaux lieux en attente…

Une belle fierté que tous ces « prix » et reconnaissances nationales pour développer le projet. Et localement ? La Tricyclerie, comme toutes les agglomérations qui la contactent, voyant apparaître dans les discours politiques et dans la feuille de route de l’économie circulaire, imaginait un engagement concret de la part de la Métropole en faveur des commerçants/ citoyens nantais qui s’engagent déjà ou souhaitent s’engager avec La Tricyclerie. Et bien non. L’absence d’appui financier se répercute directement sur le coût de prestation de service de collecte, rompant des dynamiques vertueuses avec des partenaires qui souhaitent agir à leur échelle sur les enjeux environnementaux auxquels fait face notre société. En effet, ne bénéficiant pas de réduction de leur taxe d’enlèvement d’ordure ménagère ou de leur redevance spéciale, ou d’incitation financière positive, de nombreux restaurants se voient dans l’impossibilité de payer en plus le service de La Tricyclerie malgré leur volonté et ne peuvent aller au bout de leur démarche pourtant « au coeur des engagements de la Métropole d’ici 2023 ».

En 3 ans, La Tricyclerie a permis à la ville d’éviter déjà 60 tonnes de déchets organiques à l’incinération, d’amender les terres d’une cinquantaine de jardins en compost naturel et de sensibiliser près d’un millier de citoyens, cuisiniers, jardiniers, scolaires et professionnels aux enjeux du compostage et aux alternatives à l’incinération. Le succès de la démarche se démontre quotidiennement : aujourd’hui ce sont plus de 200 autres territoires qui sont intéressés pour dupliquer le modèle. La Tricyclerie travaille à les accompagner en ce sens. Imaginez, 200 territoires, 5 emplois par ville, avec 150 K€ de budget annuel par territoire, quel impact national ! La Tricyclerie Nantes aura permis la création de 500 emplois en France avec un budget de 30 000 K €. Belle ambition, non ?!

Nombreux sont les bénéfices rendus à la ville : Réduction des déchets à gérer par la ville, biodiversité réintégrée dans la ville, alternatives à l’incinération, enrichissement des sols, désengorgement du centre-ville grâce au vélo, etc.

Aussi, si dans un premier temps l’association s’est réjouie que le volet biodéchets de la feuille de route de l’économie circulaire de Nantes Métropole mentionne l’association comme acteur pour « faire émerger de nouvelles pratiques avec l’expérimentation de la collecte à vélo et compostage des biodéchets dans les restaurants du centre-ville de Nantes », elle alerte aujourd’hui sur l’enjeu de cohérence entre objectifs affichés par les pouvoirs publics et les moyens alloués à leur réalisation.

« Il est important que les pouvoirs publics locaux assument leur rôle de mise en œuvre de la transition écologique à l’échelle du territoire. A minima, nous demandons qu’une démarche concrète soit lancée dès aujourd’hui en faveur de tous ces commerçants engagés ou qui souhaitent s’engager. Nous visons à ce que le plus grand nombre de professionnels du centre-ville aient la possibilité de trier leurs biodéchets et que cette mesure engagée venant de leur part, soit reconnue et non plus si coûteuse. » souligne Coline Billon, fondatrice de La Tricyclerie

Pour continuer à être ce terrain de Recherche Action national, La Tricyclerie doit embaucher, investir dans du matériel, des infrastructures, accéder à du foncier, communiquer, former et travailler en synergie avec les autres acteurs du domaine.

La Tricyclerie demande dès aujourd’hui, à ce que l’expérimentation mentionnée dans la feuille de route (restée relativement confidentielle depuis), prenne place dès maintenant.





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