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vendredi 12 décembre 2014

Cycle Howard Hawks au Cinématographe

Du 17 décembre 2014 au 10 janvier 2015

Réalisateur d’une cinquantaine de films en autant d’années de carrière, Howard Hawks est devenu avec le temps une référence essentielle du cinéma hollywoodien classique. Avec le temps car l’intérêt qu’on lui a porté semble avoir été comme retenu par la nature de l’oeuvre ; il faudrait dire des films. On saura reconnaître la supériorité dialectique et picturale de Ford dont on se risquera à penser qu’il invente presque à lui seul le western, l’apport décisif de Lubistch à la comédie, la grande vision américaine de Vidor, le génie formel d’Alfred Hitchcock... Mais on a plus de mal à repérer ce qui constitue les valeurs de Howard Hawks. Le fait qu’il compte parmi les élus de Rohmer, dont nous présenterons en janvier la seconde partie de l’intégrale, n’est pas une simple affaire de goût mais le fruit d’une affinité plus profonde entre les deux cinéastes. Nous pourrions même dire des films du français qu’ils se sont hawksisés à l’ombre d’une fidélité à Rossellini. Ceux de Hawks ont l’air de mécaniques bien réglées, de celles dont la précision se fait presque ignorer. Car il ne finasse pas le grand Howard, il carbure, saute, entre deux bolides et un avion de course – les grandes passions de sa vie - d’une comédie à un western, d’un film de guerre à un musical, d’un film de gangster à un peplum égyptien. Bref, Howard est un remarquable pilote de studio. C’est du moins ce qu’il voulu qu’on eut cru. En réalité, chez Hawks les genres cohabitent comme les espèces, ils sont comme des territoires imbriqués. Seulement, entre eux, voilà une marque de son génie, les frontières ont été gommées. L’expertise ou l’inaptitude des personnages dans le monde qu’ils habitent devient le sujet véritable de chacun des films. Il faut les regarder évoluer, leur intelligence et leur sentiment mis à l’épreuve d’environnements dont ils connaissent ou découvrent les lois. C’est tout ce qui compte, observer leurs (ré)actions comme s’il y avait là une véritable performance à Vivre. Deleuze dit que ce qu’il envie le plus aux animaux c’est qu’ils ont un monde, un territoire. C’est aussi vrai des personnages de Hawks. On ne s’étonne plus dès lors de les voir côtoyer un authentique bestiaire dont Chérie, je me sens rajeunir (1952, Monkey Business) et Hatari ! (1962) sont deux flagrantes illustrations. Le style hawksien - le mot est lâché - consiste par conséquent à retrouver d’un film à l’autre des propriétés fluides qui neutralisent les tendances du cinéma américain à la démonstration : une certaine indifférence à la composition visuelle des plans et une défiance à l’égard de toute signature graphique (à l’exception ironique des innombrables X dans Scarface), une façon de tourner le dos aux grands cadres dramaturgiques, une parole libérée en flot contre un art appliqué du dialogue, et un sens de l’humour diffus étendu à presque tous les films jusque dans les scènes où on l’attend le moins. Si rien ne semble compliqué dans aucun film de Hawks, on peut se demander après en avoir vu un ce qu’il nous veut vraiment. Il y a là une véritable modernité, une façon de substituer aux contreforts hollywoodiens et à l’opulence, un art plus essentiel et mesuré des tonalités qui retient le sujet comme un secret dont le cinéaste redoute le sérieux. Le sourire en coin, une manière de dire qu’entre regarder les hommes risquer leur vie dans un film et propulser son bolide à haute vitesse le cinéaste poursuit la même idée : ne pas perdre une miette de l’intensité des choses. Voilà pour la morale de l’histoire. Il était grand Howard Hawks, il mesurait presque 1,90 mètres.

Jérôme Baron

http://www.lecinematographe.com

> Ce cycle est en partie une reprise de la rétrospective présentée au Festival International du Film de La Rochelle en 2014.