JET FM La radio curieuse 91.2 fm Nantes et agglomération nantaise

Ce cycle est la seconde partie de l’intégrale débutée en mai 2014.

"Passés les cycles des Quatre saisons et des Comédies et Proverbes, poursuivons d’un film à l’autre notre retour sur les terres rohmériennes en enfonçant tout de suite ce qui ressemble à une porte ouverte : Rohmer vient fondamentalement avec la Nouvelle Vague. Qu’est-ce à dire ? Qu’il compte parmi ces cinéastes à n’avoir jamais perdu le contact avec une histoire à laquelle il voulait appartenir, avec ce terreau relevant d’un savoir intime du cinéma (ses élus se nomment Murnau, Renoir, Hitchcock, Hawks et Rossellini) et non d’un système, d’un pays (le nôtre), d’une langue (la nôtre), et d’une passion pour la jeunesse qu’il aura entretenue jusqu’aux Amours d’Astrée et Céladon, son dernier film. De tout cela, Rohmer n’a jamais fait ni un mythe ni un folklore mais une étude toujours actuelle et révisée, de celle qui confère une véritable fonction à un cinéma qui plutôt que de célébrer les apparences les traquent (jusque dans les films en costume et décors numériques). Prenant de vitesse les éventuelles survivances du passé ou la tentation de la nostalgie, ses films conduisent l’ambition de faire dialoguer le présent d’une tradition (lui) avec ce que nous devenons. Le plus essentiellement bazinien des cinéastes ne nourrit de désir que pour redéfénir et prolonger aujourd’hui dans le cinéma ce qui le met au travail sociologiquement, éthiquement, érotiquement, là où les personnages semblent pris entre les mots et les corps (ça, c’est du cinéma parlant !), à cet endroit précis où le rassemblement peine à se faire lorsque chacun (les femmes surtout) se croit encore libre. Et bien non, ils sont devant la caméra de Rohmer à ne plus bien comprendre qui du personnage, de l’acteur, ou de la personne en représentation est le plus visible. Voilà un régime de vérité qui fonde sa justesse sur le fait que chacun soit d’abord et avant tout reconnaissable. Devant l’œil infaillible du cinéma, est révélé le petit théâtre ordinaire dont nos vies sont faites." Jérôme Baron

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